"La fuite en avant", le retour explosif d’Orelsan : critique de son dernier album
- Eulalie Campain
- il y a 5 heures
- 3 min de lecture
Un retour très attendu : après trois ans d’absence, Orelsan revient et nous redonne le frisson. Un album surprise sorti vendredi, trois jours après la sortie de son nouveau film "Yoroï" dans les salles de cinéma

"La fuite en avant" : une introspection lucide et sincère
Trois ans après "Civilisation", Orelsan signe son grand retour avec "La Fuite en avant", un album d’une rare intensité. Entre introspection, confession et mise à nu, le rappeur caennais nous livre une œuvre à la fois puissante et vulnérable. Il y raconte le temps qui passe, la célébrité qui pèse et la vie d’adulte qui s’impose, toujours avec cette plume sincère et brute qui fait sa signature.
Un retour surprise mais longuement espéré
L’attente des fans était à son comble. Depuis plusieurs mois, les rumeurs enflaient autour du rappeur, notamment après la sortie de son film "Yoroi" (voir notre article sur TST Radio). Lorsque la bande originale du long-métrage a été signée par Orelsan lui-même, beaucoup y ont vu le signe avant-coureur d’un nouvel album. Ce n’est que quelques semaines avant la sortie que l’artiste a officialisé la nouvelle sur les réseaux sociaux : "La Fuite en avant" arrive. Une triple actualité pour cette fin d’année : un film, une BO et un album. De quoi combler les fans de la première heure.
Un choix artistique entre renouveau et retour aux sources
Certains avaient reproché à "Civilisation" et "Civilisation perdue" de manquer de la patte « Orelsan », d’être trop lisses ou trop commerciaux, à l’exception du percutant L’Odeur de l’essence, unanimement salué par le public et même repris dans les médias et par certains politiques. Avec La Fuite en avant, Orelsan semble avoir entendu ces critiques. Le premier titre, Le Pacte, donne le ton : un cri du cœur, un “stop”, un “ras-le-bol”, mais aussi une acceptation — “tu l’as voulu, tu l’as eu”. Derrière cette phrase, on lit toute la complexité d’un artiste tiraillé entre passion et pression, succès et désillusion. Ce thème, celui du rapport ambivalent à la célébrité, traverse d’ailleurs tout l’album.
Entre puissance et intimité
Au fil des morceaux, Orelsan se livre comme rarement. Deux et demi et Dans quelques mois abordent ses angoisses de futur père, tandis que Boss explore la place du couple face à la notoriété. Avec Tellement d’amis, il dresse un constat lucide sur les relations qu’il a dû trier au fil des années. L’ensemble compose un album profondément intime, dans la continuité de La Fête est finie ou d’Épilogue. Chaque projet chez Orelsan est une étape, un chapitre de vie, un miroir de ses réflexions et de son évolution.
Un hommage au Japon et à ses influences
Le Japon, passion constante chez l’artiste, s’invite à nouveau dans ce projet. Un featuring avec Lilas rend hommage à Yoroi et à la culture nippone qu’Orelsan affectionne tant. Le morceau, à mi-chemin entre bande originale et storytelling, retrace en musique l’univers du film tout en élargissant le champ de son écriture.
Un “suicide social” version 2025
Avec le diptyque La Petite Voix et Sama, Orelsan livre sans doute les morceaux les plus crus du disque. Véritable introspection, il y fait parler sa conscience, cette voix intérieure qui ressasse doutes, colère et fatigue. On y retrouve ses pensées les plus sombres, nourries par les polémiques et les critiques accumulées depuis des années. Un clash frontal, à la fois contre le public, l’industrie, l’État… et lui-même. Rarement le rappeur s’était montré aussi transparent.
La rédemption d’un artiste
Le morceau Épiphanie clôt l’album comme un apaisement, dans la lignée directe de San. Après avoir tout vidé, tout crié, Orelsan fait le bilan : celui d’un homme en devenir, d’un futur père, d’un artiste conscient de ses failles. Entre mélancolie, tendresse et lucidité, il signe ici son œuvre la plus humaine.
Conclusion : le retour d’un grand
Avec La Fuite en avant, Orelsan retrouve l’essence de La Fête est finie : une écriture affûtée, une production léchée et cette authenticité rare qui le distingue. Loin d’un simple retour, c’est une renaissance artistique. Et si certains doutaient encore de sa longévité, qu’ils se rassurent : entre une tournée nationale et une semaine de Bercy déjà sold out, Orelsan prouve qu’il reste une figure incontournable du rap français. Un artiste qu’on ne peut décidément pas ignorer.

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