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Comme toi de Jean Jacques Goldman, décryptons ce tube

Eulalie Campain

« Comme toi » un tube au lourd passé qui touche toutes les générations encore à l’heure actuelle. Découvrez les secrets derrière sa mélodie et ses paroles


"Comme toi", titre sorti en 1982 dans l'album Minoritaire de Jean-Jacques Goldman, est un succès immédiat, avec plus de 600 000 exemplaires vendus. Entre le contraste musical et celui des paroles, l’inspiration d’une histoire vraie, et l’impact sociétal, cette chanson est devenue un emblème d'émotion et de mémoire. Mais derrière son apparente simplicité se cachent de nombreuses histoires et détails moins connus qui enrichissent encore plus sa profondeur.


« Comme nous » : de l’anonymat à l’universalité

L’histoire poignante et tragique de cette chanson renvoie à celle d’une petite fille disparue dans les horreurs de la Shoah durant la Seconde Guerre mondiale.
 La petite Sarah mène une vie comparable à celle de toutes les petites filles de huit ans. Le chanteur choisit délibérément un prénom simple et la phrase « elle n’avait que huit ans », renvoyant directement au « comme toi », qui pourrait être compris comme « comme nous ».


Cela évoque aussi le principe de l’anonymisation, comme cela se pratiquait dans les camps où les victimes étaient réduites à de simples numéros.


Ce personnage de Sarah est également un clin d'œil à la fille de Jean-Jacques Goldman, Caroline, qui avait à l’époque de l’écriture de la chanson, huit ans elle aussi. Le parallèle est troublant : la petite Sarah aurait pu être « comme elle ». Ce lien intime touche tous les parents, grands-parents ou proches d’enfants, leur faisant ressentir que cela aurait pu être leur propre enfant.


Un fait intéressant : dans le clip de la chanson, la petite fille représentée n’est pas Caroline ni une personne liée à la famille de Goldman. Il s'agit d'une autre jeune fille nommée Rachel Goldman (sans lien familial avec le chanteur), choisie pour incarner visuellement Sarah. Ce choix accentue encore le caractère universel du message de la chanson, où cette petite fille pourrait être n’importe quelle enfant.



Un lien personnel

Jean-Jacques Goldman entretient un lien très personnel avec cette chanson, à travers son héritage familial et la relation avec sa fille. L'inspiration lui est venue alors qu'il feuilletait un album photo familial. Parmi des personnes inconnues ou éloignées, il est tombé sur des photos annotées du mot « déporté ». Il a alors découvert le portrait d’une jeune fille qui « regardait ailleurs, qui pensait probablement plus à jouer à la poupée qu'à poser ». Cette jeune fille était Ruth.


Une écriture simple, un thème décrié

Goldman a raconté que, malgré la gravité du thème, l’écriture de la chanson a été étonnamment rapide. L’émotion pure et immédiate qu’il ressentait a permis à la mélodie et aux paroles de couler de manière naturelle. Pourtant, malgré cette aisance d’écriture, la chanson a failli ne pas figurer sur l’album Minoritaire. Goldman craignait que le thème soit trop lourd et déconnecté des autres morceaux. Finalement, elle y a trouvé sa place et est devenue l’un des titres les plus emblématiques de sa carrière.


Un succès, un devoir de mémoire

La chanson, accompagnée par une mélodie mélancolique et douce, renforce le sentiment de tristesse et de nostalgie à travers la simplicité du texte. La petite Sarah n’est pas inspirée directement d’une personne spécifique, mais elle représente l'innocence de tous les enfants victimes de la guerre. Cette approche rend la chanson universelle, au-delà de sa thématique juive ou de la Shoah, en rappelant la normalité et l’humanité de toutes les victimes de la cruauté humaine.


Malgré l’absence de mention explicite de la Shoah, du nazisme ou de la Seconde Guerre mondiale, "Comme toi" a été utilisée dans de nombreuses cérémonies commémoratives et hommages aux victimes de la Shoah. Son message universel de paix continue de traverser les générations, touchant ceux qui, même sans connaître le contexte historique, sont profondément émus par la beauté et la simplicité du texte et de la mélodie.

Par ailleurs, Jean-Jacques Goldman n’a jamais voulu enfermer la chanson dans un cadre strictement religieux ou historique. Pour lui, "Comme toi" est un hymne à l'innocence perdue de tous les enfants victimes de la guerre.


Enfin, "Comme toi" ne se limite pas à un devoir de mémoire envers les victimes du nazisme, mais incarne aussi une réflexion plus large sur la haine et la violence humaine. À plusieurs reprises, Goldman a pris position contre les injustices sociales et les violences faites aux minorités. Cette chanson, bien qu’elle évoque la Shoah, est un appel à la réflexion collective pour dire « plus jamais ça », et faire en sorte que de telles horreurs ne se reproduisent plus jamais.

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